Des opinions pour nous aider à mieux réfléchir à l’avenir du Québec
L’expérience de beaucoup d’opinions donne à l’esprit beaucoup de flexibilité, et l’affermit dans celles qu’il croit les meilleures
« Joseph Joubert Pensées, essais et maximes »
Le climat électoral dans lequel le Québec est plongé en cet été 2012 est propice aux diverses opinions qui émergent spontanément, soit par conviction ou soit par intérêt. Mais l’important c’est que ces opinions soient entendues et évaluées dans un esprit critique et constructif.
On m’invite aujourd’hui à donner mon opinion sur ma conception du Québec de demain. Sans prétention aucune je tenterai brièvement de m’exprimer le plus clairement possible sur ma vision d’un Québec que j’aimerais profondément humain et respectueux de sa terre et de son peuple.
Je m’intéresse particulièrement aux sujets suivants; l’éducation et la culture et le comportement de nos politiciens en campagne.
Je pense d’abord à l’éducation. La plus grande richesse qu’un peuple puisse détenir est sa ressource humaine. Elle est issue de son patrimoine génétique. C’est elle qui pense, qui créé, qui bâtit et qui forme l’identité culturelle du pays.
Mon opinion sur ce sujet est que nos prétendants dirigeants et une grande partie de québécois, ne voient pas la nécessité fondamentale de l’investissement dans cette ressource. Je m’explique.
L’accessibilité à l’éducation au Québec prend à peine son essor. Il n’y a pas si longtemps, seuls, les bien nantis pouvaient se rendre à l’université et décrocher un diplôme. Peu d’appelés et encore moins d’élus. On retrouvait très peu de dirigeants de souche québécoise dans nos entreprises.
Les temps ont quand même changé. Mais reste que dans la tête de beaucoup de québécois, l’université, c’est encore pour les riches. Une mentalité qui n’a plus sa raison d’être, mais qui est encore entretenue par nos dirigeants. L’université, ça coûte cher. Chacun doit faire sa part, aux dires d’un premier ministre. Opinion qui est grandement partagée par les québécois hors Montréal.
Mais faire sa part c’est quoi au juste? L’étudiant ne fait-il pas sa part en étudiant? En se concentrant sur ses études? En travaillant, en cherchant, en lisant, en mémorisant, en développant et en décrochant enfin un diplôme qui certifie qu’il est en mesure maintenant d’entreprendre des travaux qui serviront à la collectivité? Voilà une part, qui à mon avis, est drôlement importante. N’est-il pas raisonnable de penser que la part d’un gouvernement responsable serait d’investir dans l’éducation de sa ressource humaine de sa jeunesse, de ses dirigeants de demain?
Si j’avais la prétention d’être un premier ministre, il me semble que l’une de mes premières préoccupations, serait justement d’investir massivement dans cette ressource qui est profondément nôtre.
Présentement nos dirigeants investissent dans une infrastructure universitaire profilée comme une entreprise privée qui fabrique des administrateurs. La compétition est telle, que nos recteurs sont mieux payés que bien des chefs d’entreprises. Une faculté comme la philosophie, par exemple, disparaît des programmes de certaines universités.
L’université devient une usine de fabrication d’outils financiers au détriment de la culture générale.
Revenons aux sources. Notre jeunesse devrait être comme un Plan Nord. C’est un tas de mines à ciel ouvert. Le filon est à porté de la main. Un filon culturel, intellectuel, économique et social unique. Sur nos propres terres. Notre richesse. Celle qui est convoitée par le reste de la planète.
Il n’en tient qu’à nous de veiller au grain. Nos pères ont prouvés qu’il était possible de croire en nous et en nos capacités. La preuve en est que nous parlons encore et toujours le français. Ce n’est pas croire en nous ça?
Notre plus grande richesse est et sera toujours NOUS.
La culture maintenant. Je disais plus haut que nos pères s’étaient battus pour conserver notre langue. Il y sont parvenus et nous ont légué ce précieux et fragile patrimoine. À nous de l’entretenir et de le protéger. Mais comment? Entendez-nous, vous les prétendants dirigeants parler de cet entretien, de cette protection? Autre richesse, qui aux yeux des candidats à la gouvernance, n’est pas une priorité. Dommage car nos jeunes et nos moins jeunes, s’évertuent eux, à la chanter, à l’écrire, à la composer, à l’interpréter pour la montrer avec fierté et pour s’en servir comme ambassadrice de notre identité planétaire.
Et enfin, le comportement de nos dirigeant. Ils ressemblent plus à des coqs dans un poulailler, que des penseurs. Le dénigrement, l’insulte, la moquerie, l’ironie, sont les outils dont ils se servent pour nous dire qu’ils sont meilleurs et plus efficaces que l’autre. Mais voyons donc! Parlez-nous de vous et non de vos adversaires. Parlez-nous de nous. Ayez du positif dans vos propos. Soyez francs et sincères. C’est, je crois, ce que nous souhaitons, nous québécois. Faites une politique différente. Démarquez-nous des autres qui s’entre-déchirent comme des bêtes sans tête. Représentez-nous comme nous sommes. Intelligents, sensés, pacifiques et cultivés.
Pierre Pagé
Directeur artistique et conseiller en communications
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